Le déclencheur du mouvement: la volonté de la direction d’externaliser les services de la buanderie des sites de Fribourg et de Tavel. Après deux mobilisations préalables, les négociations avaient pourtant débouché sur un accord acceptable pour les deux parties: réaliser une étude portant sur la possibilité de maintenir une buanderie publique, puis ouvrir des négociations. Le tout avec la garantie écrite que, quelle que soit la décision prise, un emploi équivalent serait proposé à chaque salarié.
Refus de la direction
Les salariés et le SSP avaient convenu de ne pas se mobiliser tant que cet accord, pourtant minimal, ne serait pas remis en cause. Mais le conseil de direction l’a finalement refusé sous la pression de la directrice générale, Mme Claudia Käch.
Les négociations étant terminées et le projet d’accord mis en échec, les salariés ont décidé de se mettre en grève pour défendre le maintien d’une buanderie publique, leurs emplois et conditions de travail.
Money Money Money
Maintenir une buanderie publique à l’HFR est important. Il en va tout d’abord des conditions de travail des employés, qui sont meilleures si la buanderie reste en mains de l’Etat. Cette buanderie permet aussi à des civilistes, des apprentis et des personnes issues de l’ORP de venir travailler, ce qui ne serait pas garanti si elle était privée. La buanderie de l’HFR fait partie intégrante du service public, malgré les affirmations des partisans de sa privatisation. Et la lutte contre sa privatisation est aussi une lutte pour le maintien de l’hôpital public et de soins de qualité, menacés par la politique néolibérale appliquée par la direction de l’HFR et pilotée par le Conseil d’Etat.
Sur l’ensemble du personnel du site de Fribourg, seules quatre personnes ont décidé de ne pas suivre le mouvement. Le reste des employés s’est montré uni et solidaire. Comme en témoignait une gréviste: «L’HFR devrait être content d’avoir du personnel motivé qui se bat pour pouvoir continuer de travailler.» Notons au passage que les valeurs affichées par l’HFR sont «Engagement, respect et solidarité». Même dans la grève, ces valeurs sont respectées par le personnel. Quid de la direction?
Le personnel a mené cette grève avec détermination, s’impliquant pour défendre la buanderie. Atelier pancartes et slogans étaient au programme de la matinée du lundi, en vue de la manifestation du lendemain. «Money money money, we need money, pour la buanderie!» entonne une gréviste sur un air d’ABBA. «Touche pas à ma lingerie!» renchérit une autre dans la bonne humeur, qui masque toutefois la tension. En effet, s’engager dans une grève n’est pas une décision facile et demande beaucoup de courage.
De nombreux soutiens
Du courage, les grévistes en ont eu, notamment celles et ceux qui se sont levés pour représenter leurs collègues face à la presse et face aux directeurs des RH et de la logistique. Leur lutte a rencontré un large soutien. Un ancien gréviste de la buanderie de Marsens est venu encourager ses collègues et leur faire part de son expérience. De nombreux collègues de l’intendance, de l’hôtellerie et des soins ont soutenu les grévistes par des mots d’encouragement et de reconnaissance, ou en passant dans la buanderie à l’arrêt. L’occasion aussi pour certains de faire le lien entre la situation de la laverie et la privatisation rampante à l’œuvre dans l’hôpital. Une réelle solidarité semble se créer au sein des autres catégories d’employés de l’HFR, dont un nombre grandissant prend conscience que, si la buanderie venait à être privatisée, ils seraient peut-être ensuite les prochains touchés. Plusieurs partis et syndicats fribourgeois ont aussi appuyé le mouvement.
Le 13 juin en fin d’après-midi, une manifestation de soutien a réuni plus de 100 personnes, qui ont scandé leur refus de la privatisation sous les fenêtres de l’hôpital. Ces soutiens, et surtout celui des militants présents sur les piquets de grève aux aurores, ont été décisifs pour renforcer le moral des troupes.
La lutte paie
Les grévistes ont suspendu leur mouvement le temps des négociations avec le bureau du conseil d’administration, qui se sont déroulées le mercredi 14 juin au matin. À l’issue de la rencontre, leurs revendications étaient exaucées: la réalisation d’une étude sur la possibilité du maintien d’une buanderie publique, centralisée à l’HFR, à l’issue de laquelle les négociations reprendront; et la garantie d’un poste de travail à chaque employé.
C’est une victoire. Après leurs collègues de Marsens, les salariés de la buanderie nous montrent le chemin pour résister à la privatisation. Un grand bravo!
(14 juin 2017)