CPPEF

Malgré la campagne combative menée par le SSP, une majorité de votant-e-s ont accepté la désastreuse révision de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat. Cap sur les prochaines batailles !

Clap de fin pour la CPPEF

C’est l’épilogue d’une lutte de plus de deux ans.

Dimanche 29 novembre, la population fribourgeoise a accepté, par 59 811 voix (69,8%) contre 25 890 (30,2%), la révision de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat (CCPEF). Cette votation entérine une détérioration majeure des conditions de travail et de retraite: l’âge de retraite sera, de fait, élevé de plusieurs années, et les rentes fortement diminuées.

Mobilisations sans précédent
Cette contre-réforme a suscité des mobilisations sans précédent au sein de la fonction publique fribourgeoise. En septembre 2018, une première manifestation a réuni 1500 salarié-e-s. En février 2019, plus de 4000 fonctionnaires ont défilé dans la rue – un record qui égale la manifestation contre les coupes salariales de 2012. En avril 2019, 4 000 fonctionnaires ont débrayé durant une heure, là encore une première; en novembre 2019, une nouvelle manifestation a réuni 1 500 salarié-e-s, suite à la signature par la Fédération des employé-e-s de l’Etat (FEDE) d’un accord avec le gouvernement. Enfin, point d’orgue de ces mobilisations, en mars 2020, 2000 salarié-e-s de la fonction publique ont participé à la première journée d’actions et de grève à l’Etat de Fribourg.

Une contre-réforme majeure
Ces nombreuses mobilisations ont été à la hauteur de l’enjeu, majeur pour la fonction publique fribourgeoise. L’objectif du Conseil d’Etat était en effet de supprimer la primauté des prestations – la rente est acquise – pour passer à la primauté des cotisations – la rente dépend des rendements de la caisse de pension. Ce changement se concrétise par une très forte élévation de l’âge de la retraite: entre 2 et 4 ans, selon les différentes situations. Et une diminution très forte des rentes: -9,5% à 64 ans, selon les affirmations du Conseil d’Etat – selon une étude indépendante commanditée par le SSP, la baisse se situerait plutôt entre 12% et 18%; en cas de retraite à 60 ans, la coupe pourrait aller jusqu’à 30% !

30% des voix, un bon résultat
Le résultat des urnes ne souffre aucune équivoque: près de 70% des votant-e-s ont approuvé le projet du Conseil d’Etat, contre 30% de refus. Cela dit, il s’agit d’un très bon résultat pour le SSP et le camp du « Non », au vu des circonstances. En effet, l’ensemble de la classe politique, ou presque, appelait à approuver la révision. Les chefs de groupe de tous les partis – y compris le Parti socialiste fribourgeois (PSF) – ont participé à une conférence de presse pour célébrer « l’union sacrée » autour de l’élévation de la l’âge de la retraite et de la baisse des rentes. Enfin la FEDE, véritable porte-étendard du gouvernement, a mené campagne avec des moyens financiers importants et des dizaines de publicités dans les médias. Face à ce front uni, faire 30% des voix relève de l’exploit.

Quelle suite ?
Cette bataille a montré l’importance de construire et renforcer une organisation syndicale comme le SSP. La FEDE a démontré une fois de plus que, dans les moments clés, elle choisit les intérêts de l’employeur plutôt que ceux des salarié-e-s. Comme en 2013 (coupes salariales), la décision de la FEDE de se désolidariser du front syndical uni et du SSP a précipité l’acceptation d’un recul majeur, qui aura des conséquences sur l’ensemble des salarié-e-s du service public. Les appels de la FEDE à voter en faveur du projet, y compris en publiant des textes affirmant qu’il était impossible de faire mieux que le projet en votation – ce qui est largement faux – ont fortement désécurisé la fonction publique.

Cap sur la LPers !
De nombreuses échéances attendent le SSP et les employé-e-s du secteur public et parapublic. La prochaine bataille d’envergure sera la révision de la Loi sur le personnel de l’Etat de Fribourg (LPers), que le gouvernement veut utiliser pour faciliter les licenciements. Autre enjeu de cette révision: la contribution dite « de soutien » versée par les employé-e-s de l’Etat. Celle-ci profite pour l’instant à la seule FEDE. Or la mise en consultation du projet de révision montre que le Conseil d’Etat souhaite continuer à financer un « syndicat maison » uniquement, ou un « syndicat de monopole » (la FEDE). Une volonté qui viole plusieurs dispositions constitutionnelles.

Le SSP a également déposé des demandes de revalorisation de plusieurs professions, notamment dans le secteur des soins (infirmiers-ères expert-e-s, sages-femmes, etc.) et le domaine pénitentiaire.

Vers le site de campagne www.non-revision-injuste.ch