Buanderie de l'HFR: le Conseil d'Etat doit bouger!

de: Gaétan Zurkinden

La Direction de l’Hôpital fribourgeois (HFR) a informé les organisations syndicales, jeudi 23 février, de son intention de privatiser la gestion du linge de l’HFR et de fermer les deux buanderies qui se trouvent sur les sites de l’Hôpital cantonal et de Tavel. Plus de trente employés sont concernés par cette décision. Le SSP – région Fribourg rencontrera le personnel jeudi prochain, 2 mars, à 16h30. Par ailleurs, nous allons interpeller le Conseil d’Etat sur les méthodes utilisées, et demander au Conseil d’administration de retirer sa « décision de principe ».

Photo Eric Roset

C’est, clairement, un pas de plus dans la direction imposée par la Direction et la Présidence du Conseil d’administration de l’HFR : démanteler l’hôpital public, le privatiser partie par partie. Et cela, sans respecter aucun des principes élémentaires en matière de dialogue et de négociations. En deux ans, c’est le troisième service de l’HFR à être privatisé, après la crèche (2015) et le service d’endoscopie (2016). Une saignée qui est appelée à se poursuivre, selon les informations que nous avons reçues.

Passage en force
Une fois de plus, la Direction et le Conseil d’administration de l’HFR mettent le personnel et les organisations syndicales sous pression, devant le fait accompli. La presse a, ainsi, été informée avant les personnes concernées et les syndicats de la « décision de principe » prise par le Conseil d’administration de l’HFR de privatiser la gestion du linge : cela est tout simplement intolérable.
Quant à la « procédure de consultation » envisagée, elle s’apparente à une pantalonnade : qui pourrait croire que nous sommes en face d’une consultation équitable, où chacun pourra mettre sur la table ses propositions, lorsqu’on sait que la décision est déjà prise ? Que le personnel a d’ores et déjà été informé que la buanderie allait fermer au mois de juin 2018 ? Les dirigeants actuels de l’HFR n’ont visiblement rien appris de nombreuses critiques récoltées au cours des derniers mois quant à leurs méthodes de gestion autoritaires et agressives : ils entendent poursuivre dans la même voie, sourds à tout dialogue et à toute concertation.

Des solutions pour l’ensemble du personnel ? Que non !
Par ailleurs, contrairement aux affirmations de la Direction, il est mensonger d’affirmer que des solutions auraient été trouvées pour l’ensemble du personnel.
Ainsi, nous avons été informés qu’aucun poste de travail ne serait proposé aux salariés au bénéfice d’un contrat de durée déterminée (CDD). Sachant que, depuis plusieurs années, la Direction de l’HFR remplace systématiquement le personnel quittant la buanderie par des employés au bénéfice d’un CDD, dans l’optique d’une éventuelle privatisation, il est tout simplement scandaleux de faire une distinction entre employés au bénéfice d’un CDI et d’un CDD.

Interpeller le Conseil d’Etat
Les méthodes utilisées par la Direction de l’HFR et la Présidence du Conseil d’administration ne sont pas acceptables. Dans l’immédiat, le SSP – région Fribourg va interpeller directement le Conseil d’Etat, car les responsables de l’HFR ne respectent pas le principe de consultation prévu à l’article 123 de la Loi sur le personnel de l’Etat de Fribourg (LPers).
La LPers prévoit en effet, de manière tout à fait explicite, que « le personnel a le droit d’être consulté et informé préalablement sur les projets de dispositions légales et les projets de décisions de portée générale qui le concernent » (article 123, alinéa 1). Les responsables de l’HFR, eux, font le contraire : ils décident d’abord, puis ouvrent une période de consultation !
Notre syndicat va donc demander à la Conseillère d’Etat en charge de la DSAS, Anne-Claude Demierre, qui siège au Conseil d’administration de l’HFR, de rappeler à cette instance que les lois doivent être respectées, d’autant plus dans un établissement public : une période de consultation et de négociations doit être ouverte avant toute décision.
Nous exigeons donc du Conseil d’administration qu’il retire sa « décision de principe », afin de pouvoir ouvrir des discussions avec les organisations syndicales sans épée de Damoclès au-dessus de la tête des salariés. Nous voulons également avoir accès à l’ensemble des pièces de ce dossier : en effet, nous sommes persuadés que les chiffres avancés – 18,8 millions pour rénover la buanderie – sont fantaisistes et trompeurs : la rénovation et l’agrandissement de la buanderie de Marsens – dont la capacité est nettement plus importante – était devisée à 14 millions de francs. Contrairement aux affirmations de la Direction, des alternatives existent à la privatisation.

Se mobiliser pour défendre l’HFR
Par ailleurs, il est temps de mettre sur pied une mobilisation du personnel de l’HFR – pas uniquement de la buanderie – et des usagers/-ères pour défendre l’hôpital public.
Car il ne faut pas se leurrer : la buanderie de l’HFR, ce n’est que le début de décisions encore plus douloureuses, qui vont être sans doute annoncées prochainement. Il ne fait aucun doute que de nouveaux services vont être privatisés prochainement, et que les conditions de salaires et de travail vont être remises en cause frontalement. Dans ce sens, tout doit être mis en oeuvre pour contrer la privatisation de la buanderie de l’HFR.