Le SSP-Groupe Enseignement rejette ENSEVAL

de: Virginie Burri

Mise en concurrence, charge de travail et pressions supplémentaires, restriction des droits syndicaux : le SSP-Groupe Enseignement rejette Enseval

Le 24 février 2016, le Conseil d’Etat a mis en consultation (jusqu’au 1er mai) l’avant-projet d’ordonnance relative à l’évaluation du personnel enseignant de la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (OEPE).

Le SSP-Groupe Enseignement a pris connaissance de l’avant-projet et a décidé de :

  • rejeter le projet en l’état
  • demander l’ouverture de discussions avec tous les partenaires concernés, afin d’élaborer un nouveau projet

Les principales raisons du rejet sont les suivantes :

  • Contrôle, pressions et mise en concurrence

Selon la DICS, l’évaluation périodique du personnel vise notamment à garantir et développer la qualité de l’enseignement, à reconnaître le travail fourni et à soutenir les enseignants.

Or, la pratique et les études nous montrent que l’évaluation individuelle est devenue un instrument qui met les salariés sous pression, instaure une logique de contrôle et renforce la concurrence entre collègues. Autant d’éléments qui sont loin d’être au service de la qualité de l’enseignement et de la santé du personnel.

Le projet prévoit d’ailleurs de noter par un « A+ » les enseignants qui « dépassent les exigences ». Cela présuppose que chacun doit constamment se surpasser pour répondre à l’injonction du culte de la performance. Répondre aux attentes ne suffit plus, il faut en faire toujours plus avec des moyens qui diminuent.

  • Surcharge de travail

La périodicité des différents entretiens (au moins 1x/année pour l’entretien personnel, au moins tous les deux ans pour l’entretien d’orientation et au moins tous les six ans pour l’entretien d’évaluation des prestations) va instaurer une charge de travail supplémentaire importante chez les directions d’établissement (et leurs adjoints/proviseurs). Selon le rapport complémentaire, certaines directions d’établissement ont déjà relevé que les ressources seront insuffisantes pour mener à bien cette mission. Le SSP-Groupe Enseignement est également convaincu que non seulement les directions auront une charge de travail supplémentaire, mais qu’elles reporteront des tâches qu’elles ne pourront plus faire, sur les enseignants. La charge de travail qui leur incombe risque encore de se voir alourdie.

  • Droit d’être accompagné

Le projet prévoit l’interdiction pour l’enseignant de se faire assister ou représenter, que ce soit dans les entretiens d’orientation et d’évaluation des prestations, mais également lors du réexamen en cas de contestation. Cette interdiction constitue une atteinte aux droits syndicaux. Aujourd’hui, la pratique permet, sous certaines conditions, la présence d’un représentant syndical lors de l’entretien d’évaluation. Le service du personnel et d’organisation (SPO) reconnaît d’ailleurs que cette présence peut favoriser un climat constructif. Le SSP-Groupe Enseignement juge que les enseignants doivent pouvoir continuer à se faire accompagner en cas de besoin.

  • Porte ouverte au salaire au mérite

Bien qu’Enseval ne fasse pas (encore) mention de salaire au mérite, c’est le cas de Perséval (évaluation des prestations et développement du personnel pour les collaborateurs de l’Etat, également en consultation) qui prévoit d’instaurer un système de primes et de récompenses. Comme en témoigne la motion des députés Kolly et Collaud, le trend actuel visant à appliquer aux services publics un management du privé nous fait craindre une volonté prochaine d’étendre le salaire au mérite à l’enseignement. Le SSP-Groupe Enseignement s’opposera à toute volonté d’instaurer un tel système de rémunération.