Le 31 mars dernier, une cinquante d’employé·e·s de l’Etat et de soutiens provenant de divers syndicats, associations écologistes et partis de gauche, ont déposé au siège de la CPPEF la pétition du SSP en faveur de nouvelles mesures pour le climat. Ce texte, signé par 2100 personnes dont plus de 800 employé·e·s de l’Etat, demande: plus de transparence, la fin des placements dans les énergies fossiles, la rénovation thermique du parc immobilier de la caisse ainsi que des investissements supplémentaires dans les énergies renouvelables.
Le soutien de Julia Steinberger
Le SSP avait invité Julia Steinberger, une coauteure des rapports du Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC), à participer au dépôt de la pétition. La scientifique a tout d’abord remercié les personnes à l’origine de cette campagne et rappelé la pertinence de nos demandes dans un contexte d’urgence climatique. Selon le GIEC, les mines de charbons, puits de pétrole et champs gaziers actuellement exploités conduisent à eux seuls à un réchauffement climatique supérieur à 1,5 degré – l’objectif des accords de Paris sur le climat. Il est donc urgent de mettre un terme au financement des énergies fossiles. La professeure Steinberger a ensuite rappelé que les placements dans les énergies fossiles peuvent permettre des profits à très court terme, mais constituent à moyen terme des placements risqués, en raison de la transition écologique en cours et des possibles condamnations pénales – assorties d’amendes – qui pèsent sur les entreprises à l’origine du réchauffement climatique.
Médiation le 6 avril
Dans sa prise de parole, le SSP a expliqué que la campagne lancée en automne commence à porter ses fruits en matière de transparence des placements. En 2022, le SSP a en effet obtenu la publication de la charte de durabilité de la CPPEF et l’engagement de la caisse à produire un rapport annuel de durabilité dès la fin 2023. De plus, une médiation en présence de la préposée cantonale à la transparence a été obtenue. Elle se déroulera le 6 avril. Nous avons de bonnes chances d’obtenir, à brève échéance, une nouvelle avancée en faveur d’une juste information des employé·e·s de l’Etat.
Du flou sur la durabilité
Le SSP a également critiqué le flou des engagements de la caisse et la faiblesse des moyens pour les réaliser. Pour prendre un exemple, la CPPEF a publié une charte de durabilité visant une réduction de 50% de ses émissions d’ici à 2030. Or le directeur de la caisse, Gilles André, nous a annoncé qu’il n’a toujours pas établi de bilan carbone. Comment diminuer de moitié ses émissions si on ne se sait pas de combien de tonnes on doit les réduire?
Cette légèreté n’est pas digne d’une caisse qui gère 5,8 milliards de francs !
Le dialogue social n’est pas en option
Après les prises de paroles, les participant·e·s à l’action auraient dû remettre la pétition dans les mains de Gilles André. Averti plus d’un mois à l’avance, ce dernier n’a cependant pas souhaité réceptionner le texte, ni même envoyé un·e employé·e de la caisse le recevoir en son nom. Ce geste a été mal perçu par les participant·e·s, assuré·e·s à la CPPEF pour la plupart d’entre eux et elles. François Ducret, président de l’Union syndicale fribourgeoise, a qualifié cette absence de « scandaleuse » et « méprisante » envers les employé·e·s de l’Etat. Pragmatiques, les participant·e·s se sont rendu·e·s au secrétariat de la CPPEF pour y remettre la pétition, accompagnée d’un sac rempli de charbon. Ils et elles y ont trouvé le responsable des placements de la caisse, qui a réceptionné le texte. Celui-ci nous a assuré que la CPPEF est en train de réviser sa politique de durabilité. « Nous garderons l’œil ouvert », a averti une bibliothécaire.
Négociations demandées
Dans cette situation, la seule solution à même de prendre en compte les aspirations du personnel est l’ouverture de négociations sur la politique de durabilité de la CPPEF. Une demande officielle, avec délai de réponse fixé au 30 avril, a été déposée en même temps que la pétition. Le SSP souhaite qu’une solution négociée puisse être trouvée à brève échéance. Néanmoins, notre syndicat réfléchit déjà à de nouvelles actions en cas de refus de la CPPEF. Nous invitons les employé·e·s de l’Etat à rejoindre le groupe de travail qui planifiera les prochaines étapes de la campagne !
Une majorité pour le climat est possible !
Le message des quelque 800 employé·e·s de l’Etat qui ont signé la pétition s’adresse principalement aux représentant·e·s du personnel au sein du comité de la CPPEF: il est temps de prendre en compte les préoccupations écologiques de vos collègues ! Ce message est d’autant plus fort que le SSP n’est pas la seule organisation représentative du personnel à revendiquer de nouvelles mesures en faveur du climat. En effet, la pétition est également soutenue par le syndicat Syna.
Du côté de la Fédération des employés de l’Etat de Fribourg (FEDE), un papier de position en faveur d’investissement responsables a été voté le 23 novembre 2022.La FEDE y « demande au comité de la caisse de se donner les moyens d’une politique ambitieuse dans ces domaines et s’adjoindre les compétences nécessaires pour y arriver. » Plusieurs propositions concrètes se rapprochent des demandes du SSP, comme renoncer à tout placement dans le charbon d’ici au 31 décembre 2025 et accélérer la décarbonation de la caisse pour atteindre la neutralité carbone en 2040 plutôt qu’en 2050.
Autre bonne nouvelle, la délégation du personnel au sein du comité de la CPPEF va se renforcer avec un siège supplémentaire pour le SSP (qui passera de 1 à 2 sièges) et pour la FEDE (de 4 à 5). Désormais, en rajoutant le siège détenu par l’association des cadres supérieur·e·s et des magistrat·e·s de l’Etat de Fribourg, une majorité en faveur du climat (8/14) est possible.
Vos collègues sont prêt·e·s à vous rappeler vos engagements.