Le 10 décembre 2024, le Conseil d’Etat a refusé de revaloriser la classification salariale des technicien-ne-s en radiologie médicale (TRM), 5 ans après le dépôt de la demande initiale. Pire : le gouvernement a totalement dévalué cette profession, en diminuant très fortement le nombre de points attribués à 3 critères d’évaluation EVALFRI essentiels: « planification et organisation » (nombre de tâches à effectuer en même temps), « communication orale » et
« formation d’apprenti·e·s/stagiaires ». Les TRM, spécialité radiodiagnostic, obtiennent, ainsi, 9% de points EVALFRI en moins que lors de la précédente évaluation, il y a 15 ans (2009) ! Les TRM, spécialité radio-oncologie, obtiennent, de leur côté, 13% de points de moins que lors de la première évaluation de leur profession, il y a 20 ans (2005).
Explosion de l’activité et des urgences
Pourtant, durant la même période (2005/2009 à 2025), l’activité et les responsabilités des TRM ont littéralement explosé : +307% au scanner ; +228% à l’IRM ; +80% en angiographie. En radiodiagnostic, les urgences représentent 233% des interventions planifiées (soit 2 fois plus), et 56% des interventions planifiées en IRM. Tous les jours, les TRM s’occupent de patient·e·s dont la vie est en jeu. Ils/elles traitent, ainsi, quotidiennement 2 cas par jour de « Time is brain » (patient·e·s victimes d’accidents vasculaires cérébraux, AVC), où chaque minute compte. Lors d’urgences, les TRM partent en radiologie interventionnelle en collaboration avec les médecins pour stopper des hémorragies internes. En radio-oncologie, les TRM planifient les traitements et administrent des rayons à haute dose aux patient·e·s atteint·e·s de cancer. En médecine nucléaire, la préparation journalière des produits radiopharmaceutiques et leurs injections se font exclusivement par les TRM, en plus de l’acquisition des images.
Les TRM ne représentent que 1% des professionnel·le·s de santé, mais ils/elles prennent en charge 82% des patient·e·s admis·e·s aux urgences et aux soins intensifs ! Considérer, comme l’a fait le Conseil d’Etat, que les TRM n’effectuent que « rarement » 3 à 10 tâches en même temps (au lieu de « souvent » lors de la précédente évaluation) est donc un non-sens.
Les TRM, un service de guichet ?
Autre exemple aberrant de la décision du Conseil d’Etat : le critère de la « communication orale » passe de « communication complexe » à « communication simple », ce qui équivaut à une communication du type « service de guichet » ou « téléphoniste » selon le questionnaire EVALFRI. Or, les TRM doivent communiquer aux patient·e·s des indications précises liées à la manière dont ils/elles vont être pris·e·s en charge, faire des anamnèses, s’occuper de patient· e·s vulnérables, expliquer les risques lors des injections de produits de contraste et de médicaments spécifiques aux examens, etc. Réduire la communication des TRM, avec les patient·e·s ou leurs collègues soignant·e·s et médecins, à celle d’un service de guichet dénote une méconnaissance et un manque de considération évidents.
Enfin, le critère de formation d’apprenti·e·s et/ou de stagiaires n’est plus du tout reconnu, alors même que cette tâche est inscrite dans le cahier des charges des TRM !
La décision du Conseil d’Etat ne reflète absolument pas la réalité professionnelle des TRM et les responsabilités toujours plus grandes qu’ils/elles exercent. Par ailleurs, la totalité des fonctions de niveau Bachelor-HES à l’Etat de Fribourg, que ce soit dans l’enseignement, le social, l’informatique ou l’administration sont colloquées au moins en classe de salaire 18, et jusqu’à la classe de salaire 23. Il n’y a aucune raison que les fonctions de la santé, notamment les TRM, fassent exception.
Le Conseil d’Etat refuse de négocier, malgré le soutien du corps médical aux TRM
Quelques jours avant la séance de conciliation du vendredi 17 janvier, le Conseil d’Etat avait donné pour instructions à ses représentant·e·s de ne pas entrer en matière sur les revendications du personnel, qu’elles aient trait à l’évaluation des critères ou à la classification salariale proprement dite. Malgré trois courriers de soutien signés par l’ensemble des cadres médicaux de la radiologie, le gouvernement a refusé tout dialogue et toute négociation. Les TRM et le SSP se sont retrouvé·e·s face à un mur. Cette séance a donc débouché sur la délivrance d’un acte de non-conciliation, qui ouvre le droit à la grève, conformément à l’article 68 de la Loi sur le personnel de l’Etat de Fribourg (LPers).
Au vu de cette situation, les TRM ont déposé ce mercredi 22 janvier auprès de la Direction de l’HFR un préavis de grève pour le lundi 3 février 2025. 78 TRM (sur 100) ont fait part de leur intention de participer au mouvement de grève. Les TRM et le SSP appellent instamment le Conseil d’Etat à les rencontrer et à ouvrir des négociations pour reconnaître, enfin, à sa juste valeur cette profession essentielle au bon fonctionnement d’un hôpital et à la prise en charge des patient-e-s.